Dans un continent en plein envol numérique, les interfaces de programmation applicative (API) de mobile money sont en train de bouleverser l’ordre établi par la bancarisation classique.
Ces programmes sont appelés à devenir les futures game-changer
dans le domaine des services bancaires et monétaires.
Leur entrée dans l’écosystème financier comporte beaucoup
d’avantages avec quelques défis à la clé.
Une API, c’est quoi ?
Une API, pour Application programming interface, est un programme permettant à deux applications distinctes de communiquer entre elles et d’échanger des données. Ce qui évite de recréer et redévelopper entièrement une application pour y ajouter ses informations. Servant d’intermédiaire entre deux systèmes informatiques indépendants, l’API permet d’échanger des données ou des fonctionnalités à l’intérieur ou à l’extérieur des entreprises. Les API sont devenues incontournables quel que soit le secteur d’activité. Banque, marketing, digital, le développement des API ne cesse de croître, au même titre que les données à traiter.
L’Afrique fait des pas de géant dans le domaine de la téléphonie mobile. Le déploiement progressif de la fibre optique, au début des années 2000, a eu le mérite de révolutionner la connectivité sur le continent dont la partie subsaharienne compte 159 millions de portefeuilles mobiles actifs et 490 milliards $ de transactions (rapport 2021 de la GSMA). Le continent possède la couverture et la capacité d’innovation nécessaires pour renforcer l’inclusion financière et bâtir des sociétés plus équitables.
Enjeux
Ces avancées techniques ont redéfini les transactions monétaires. Les services bancaires, pour lesquels les grandes industries du paiement font déjà des alignements, apparaissent comme un enjeu majeur. Les API de paiement mobile ont aidé à décloisonner les systèmes fermés des banques et les transformer en plateformes ouvertes permettant à d’autres fintechs, aux prestataires de services de paiement et à tout autre tiers de se connecter à leurs services.
Les API contribuent à faciliter les envois de fonds internationaux qui enregistrent une forte croissance. Les flux de transferts internationaux réalisés au moyen du mobile money ont augmenté de 65 % en 2020, atteignant pour la première fois plus d’un milliard de dollars par mois selon la GSMA.
Les paiements marchands ont également fait un bond en avant aux dépens des transactions en espèces. Les consommateurs ont été de plus en plus nombreux à se tourner vers le mobile money pour leurs achats de produits alimentaires, de vêtements et d’autres produits et services essentiels. Dans un futur proche, l’ensemble des services marchands ou même administratifs (paiements taxes, impôts) pourrait être digitalisé et les API de paiement mobile seront au cœur.
Pour preuve, les collaborations sont de plus en plus fréquentes entre leaders mondiaux du paiement et opérateurs de téléphonie mobile à l’exemple de Mastercard et de Free au Sénégal. Un autre exemple, plus tangible, MTN MoMo – le service de mobile money de l’opérateur de téléphonie mobile sud-africain MTN –, est devenu en mars 2022 le service d’argent mobile le plus populaire avec 56,8 millions d’utilisateurs dans 16 pays.
Répercussions
La digitalisation des transactions financières est sûrement la conséquence la plus notable. Cette tendance, grâce au mobile money, accélère en conséquence l’adoption des API de mobile money. En faisant cela, c’est tout l’écosystème qui se réorganise autour du fonctionnement des API. Les services informatiques de grandes entreprises n’ont pas d’autres choix que de les intégrer dans leur propre logiciel interne de gestion.
Dans le domaine bancaire, le concept d’open-banking est né de la nécessité pour les banques de s’ouvrir aux évolutions technologiques imposées par les fintechs. De ce fait, l’interopérabilité banque-fintech-API permettra à davantage de personnes d’accéder à l’inclusion financière. Au cours des cinq dernières années, les flux d’opérations entre les banques et les plateformes de mobile money ont quadruplé pour atteindre 68 milliards de dollars en 2020, contre seulement 15 milliards de dollars en 2015.
Ces changements appellent tout naturellement une reconfiguration du secteur avec de nouveaux acteurs et de nouveaux partenariats. La tendance est désormais à la collaboration avec les nouveaux acteurs spécialisés dans le paiement.