Malgré la croissance récente de la connectivité Internet, le continent africain est à la traîne par rapport aux autres régions du monde. La Banque mondiale va appuyer le continent à atteindre la connectivité universelle d’ici 2030, qui est également la date butoir pour la stratégie de transformation numérique de l’Union africaine, aspirant à un accès numérique universel et à un marché numérique panafricain unique. De gros obstacles demeurent en dépit d’une volonté ferme de prendre le virage numérique.
L’Afrique a encore de la place pour atteindre son potentiel de développement numérique. Toutes les statistiques montrent la marge de manœuvre à exploiter. Selon la Banque mondiale, 30 % d’individus utilisent Internet en Afrique sub-saharienne. Ce qui signifie qu’un progrès a été fait, mais beaucoup reste à faire pour combler le gap. Le rapport sur l’État de la connectivité à l’Internet mobile 2021 a conclu que l’Afrique subsaharienne présente le plus grand déficit de couverture (personnes vivant dans des zones sans couverture haut débit mobile), soit 19 %, ce qui représente plus de trois fois la moyenne mondiale. Si l’accès à internet est devenu plus abordable, notamment grâce aux téléphones mobiles, les coûts restent élevés, par contre, pour de nombreux habitants de la région. Les disparités intra-africaines sont d’autant plus frappantes. A titre d’exemple, dans la région Est de l’Afrique, 341 millions de personnes n’utilisent pas internet alors que la partie australe du continent totalise seulement 23 millions qui ne font pas usage du net. La sous-région ouest-africaine est la deuxième zone qui totalise le plus grand nombre de personnes non connectées à Internet (241 millions) – quoique le Nigeria compte le plus grand nombre d’utilisateurs internet sur le continent en décembre 2020 (154 millions d’individus) –. L’Afrique centrale compte 142 millions de personnes non connectées alors que l’Afrique du Nord affiche des chiffres passables (92 millions).
Les bonds en avant du futur
Le potentiel de croissance est réel dans ce continent vaste, mais il dépendra essentiellement de la garantie d’un accès numérique abordable et généralisé. Cela nécessitera des capitaux importants de la part des investisseurs et des financiers. Selon une estimation de la Banque mondiale, l’Afrique aura besoin d’un investissement total de 100 milliards de dollars (86 milliards d’euros) pour connecter chaque citoyen à Internet d’ici 2030. En octobre 2021, le géant américain Google a annoncé son intention d’investir un milliard de dollars en Afrique au cours des cinq années à venir. Ces fonds massifs permettront d’assurer l’accès à un Internet rapide et abordable et de soutenir les start-ups afin de favoriser la transformation numérique du continent. Le Nigeria, le Kenya, le Ghana et l’Ouganda en seront les principaux bénéficiaires. Ce qui présage d’une avancée dans les années à venir d’autant que les efforts fournis jusque-là sont considérables. Les vitesses moyennes de téléchargement en Afrique ont doublé entre 2015 et 2019, tandis que les coûts des données ont été divisés par deux. La pénétration de la téléphonie mobile en Afrique pourrait atteindre 50 % soit plus de 600 millions de connexions, dont 65 % via des smartphones) d’ici 2025. Le rapport 2021 de la GSMA montre que le fait de posséder un smartphone est un facteur important pour devenir un utilisateur régulier de l’internet mobile. Dernière incitation à une politique numérique, la pandémie de Covid-19 a fortement accéléré l’innovation et la demande d’infrastructures numériques supplémentaires sur le continent. Bon nombre des changements pour l’industrie qui ont été effectués par les gouvernements des pays subsahariens pendant la pandémie ont mis l’accent sur l’accessibilité numérique.